Climatologie de la TA63

Avec l'approche de l'Astrolabe, il est temps de faire le bilan climatologique de la mission TA63.

La température minimale minimale a été de Tnn=-33,4 °C le 23 juillet 2013.
La température minimale maximale a été de Tnx=1,3 °C le 20 janvier 2013.
La température minimalle moyenne a été de Tnm=-14,20 °C, soit 0,64°C de moins que la normale 1981-2010 (-13,56 °C).

La température maximale maximale a été de Txx=5,6 °C le 1er janvier 2013.
La température maximale minimale a été de Txn=-27,4 °C le 22 juillet 2013.
La température maximale mmoyenne a été de Txm=-8,50 °C, soit 0,56 °C de moins que la normale 1981-2010 (-7,94 °C).

La température moyenne minimale a été de Tmn=-29,1 °C le 28 août 2013.
La température moyenne maximale a été de Tmx=3,1 °C le 20 janvier 2013.
La température moyenne moyenne a été de Tmm=-11,35 °C, soit 0,60°C de moins que la normale 1981-2010 (-10,75 °C).

L'année a donc été globalement plus froide que la normale.
Le record absolu de température minimale minimale pour un mois de mai a été battu, avec -32,5°C le 27 mai 2013, contre -32,3°C sur la période 1956-2012.

La pression atmosphérique minimale minimale a été de Pnn=941,0 hPa le 6 septembre 2013.
La pression atmosphérique minimale maximale a été de Pnx=1010,5 hPa le 26 juin 2013.
La pression atmosphérique minimale moyenne a été de Pnm=979,03 hPa.

La pression atmosphérique maximale minimale a été de Pxn=958,8 hPa le 7 juin 2013.
La pression atmosphérique maximale maximale a été de Pxx=1013,5 hPa le 26 juin 2013.
La pressiona atmosphérique maximale moyenne a été de Pxm=987,09 hPa.

La pression atmosphérique moyenne minimale a été de Pmn=954,6 hPa le 7 septembre 2013.
La pression atmosphérique moyenne maximale a été de Pmx=1012 hPa le 26 juin 2013. La pression atmosphérique moyenne moyenne a été de Pmm=983,06 hPa.

La durée d'insolation journalière maximale a été de DIx=20 h 00 min le 13 décembre 2012.

L'année a été globalement moins ensoleillée que la normale, avec une durée d'insolation cumulée sur l'année de DI=1853 h 38 min, soit 184 h 28 min de moins que la normale 1981-2010 (2038 h 06min).

Le vent moyen tri-horaire maximal a été de FFmx=123,1 km/h (34,2 m/s) le 10 juin 2013.
La rafale maximale a été de FFxx=220,7 km/h (61,3 m/s) le 5 juin 2013. Il s'agit là d'un nouveau record pour un mois de juin, contre 219,6 km/h sur la période 1956-2012.
Le vent moyen moyen a été de FFmm=31,90 km/h (8,86 m/s), soit 2,09 km/h (0,58 m/s) de moins que la normale 1981-2010 (33,99 km/h, 9,44 m/s).

Sur l'année il a été observé:
-102 jours avec neige (normale 1981-2010: 100,2)
-34 jours avec blizzard (normale 1981-2010: 38)
-113 jours avec chasse-neige (normale 1981-2010: 60,6)
-41 jours avec mur de neige(normale 1981-2010:25,9).

L'année a donc été marquée par un important nombre de jours avec chasse-neige.
Le record absolu de nombre de jours avec chasse-neige pour un mois de mai a été battu, avec 12 jours contre 11 sur la période 1956-2012.
Le record absolu de nombre de jours avec chasse-neige pour un mois de juin a été battu, avec 14 jours contre 12 sur la période 1956-2012.
Le record absolu de nombre de jours avec chasse-neige pour un mois de septembre a été battu,avec 21 jours contre 17 sur la période 1956-2012.

La superficie minimale totale de la banquise a été de 2.42276 millions de km² le 21 février 2013.
La superficie maximale totale de la banquise a été de 16.14718 millions de km² le 9 octobre 2013.

Depuis plusieurs mois la superficie totale de la banquise est la plus importante jamais mesurée depuis le début des mesures.

Vue depuis DDU la banquise n'a que peu évolué. Aucune polynie n'est en vue, la plus proche étant à une quarantaine de kilomètres d'après les images satellites. Malgré les températures positives depuis plusieurs jours, il y'a toujours une épaisseur exceptionnelle de glace (2m dans l'anse de l'île du Lion, où l'Astrolabe est censé venir se positionner...).
Il n'y a pas de tempête en prévision pour le moment, donc peu de chances de voir une évolution significative prochainement.
La rotation R1, par laquelle je rentrerai, est en cours...mais l'Astrolabe s'est fait piéger dans les glaces, à une centaines de kilomètres de DDU. Aujourd'hui nous en sommes au 5ème jour sans qu'il ait pu se déplacer.
On prend donc notre mal en patience. La rotation se fera par hélicoptère, mais pour cela il faut que l'Astrolabe réussisse à s'approcher au moins à 50 km, distance maximale que l'hélicoptère est autorisé à parcourir, d'autant plus qu'il n'y en a qu'un seul cette année (au lieu de 2 l'année dernière).
On espère tous bien sûr qu'on ne se fera pas de nouveau bloquer sur la route du retour, mais il devient probable que nous ne serons pas de retour en France pour Noël. Pour ma part j'espère surtout que nous n'aurons pas de tempête!

Une fois rentré en France, j'aurais 3 mois de congés. Mon prochain poste sera à Grenoble, dans un centre dépendant de la partie Recherche de Météo-France: le CEN, ou Centre d’Études de la Neige! (sic!)

Base antarctique Dumont d'Urvillle - 15 décembre 2013, 8h17


Pression atmosphérique 980.1 hPa
Température 2.3 °C
Température du point de rosée -9.0 °C
Humidité relative 43 %
Windchill (température ressentie) -2.9

Vent
-Direction 100° (E)
-Vitesse moyenne 6.9 m/s (24.8 km/h)
-Vitesse max 9.6 m/s (34.6 km/h)

Observation à 22h TU
-Visibilité 50 000 m
-Nébulosité totale 7/8
-5/8 de stratocumulus à 1800 m
-3/8 d'altocumulus à 3500 m

Remise en service de la mesure de vent à D10

Le 7 octobre 2013, en compagnie de l'équipe technique, je me suis rendu à la piste D10, située sur le continent, afin de remettre en service la mesure de vent. Cette mesure est effectuée par un capteur rassemblant anémomètre et girouette, situé au sommet d'un mât démontable, maintenu par des haubans.

Comme il est situé sur la glace, sa hauteur est limitée à 4m. Or en aéronautique le vent est normalement mesuré à 10m de hauteur. En considérant les caractéristiques de rugosité du site, on estime donc le vent à 10m comme égal à 1.2 fois le vent à 4m.

Concernant la direction du vent, il est important d'orienter le capteur correctement. J'ai donc demandé à l'équipe technique de faire basculer le mât dans le sens nord-sud pour me faciliter la mise en place du capteur.

Mais ici la boussole ne fonctionne pas: nous sommes trop proches du pôle magnétique nord.

Une boussole se comporte comme un aimant, dont le côté colorié est un pôle magnétique nord, et l'autre côté un pôle magnétique sud.

Chaque côté de l'aiguille ne peut être attiré que par un pôle magnétique de signe contraire. Le côté non colorié, qui indique approximativement la direction du sud géographique (à la déclinaison magnétique du lieu près), est donc attiré par...un pôle magnétique nord.

Mais une boussole normale ne s'oriente que sur la composante horizontale des lignes du champ magnétique terrestre. Comme nous sommes très près du pôle magnétique nord, les lignes du champ magnétique terrestre y sont presque verticales, sortant du sol. Par conséquent la composante horizontale est quasi nulle, et la boussole inutilisable.

La méthode de la boussole étant inutile pour orienter le capteur, nous avons utilisé les îles Fram pour la visée du nord.
Si elles n'avaient pas été visibles, deux autres méthodes auraient été possibles:
-utiliser 2 GPS, un près du mât, un autre à quelques dizaines de mètres en faisant coïncider les longitudes
-utiliser le Soleil et attendre midi solaire. Le Soleil est alors plein nord. Le 15 octobre 2013, en tenant compte des différents paramètres(la longitude, l'écart entre l'heure de DDU et l'heure universelle, la valeur de l'équation du temps), on pouvait calculer que le midi solaire avait lieu à 12h28 heure de DDU.

Pendant que l'équipe technique mettait le mât en place, j’étais chargé du branchement de l'électronique. S'agissant d'un site isolé, le point faible est l'alimentation électrique. Le 7 octobre 2013 j'ai volontairement laissé le panneau solaire débranché, afin de mesurer combien de temps le système peut fonctionner sans recharge. Il a tenu jusqu'au 12 octobre 2013, soit 5 jours complets.

Le 15 octobre 2013, je suis retourné sur le site afin d'installer le nouveau régulateur,le précédent ayant connu un court-circuit au niveau des entrées du panneau solaire l'année dernière.

Ce régulateur de secours est en fait une vieille carte électronique de 1994, avec des composants électroniques "à l'ancienne", donc facilement réparable. L'électronicien avait ainsi repéré un mauvais branchement de composant. Les régulateurs actuels sont constitués de CMS (Composants Montés en Surface), beaucoup plus petits et plus complexes à réparer.

La mesure de vent étant maintenant fonctionnelle, les avions prévus pour la rotation R0 peuvent venir (l'Astrolabe ne viendra qu'à partir de la rotation R1, étant données les grandes difficultés rencontrées l'année dernière). Cependant, à cause du mauvais temps prévu en Mer de Ross, ce ne sera pas avant le 27 octobre 2013. Les conditions pour qu'un avion puisse venir sont très strictes: un vent le plus faible possible, la meilleure visibilité possible et le moins de nuages possibles (le pilote doit être capable de distinguer la piste). Si une seule de ces conditions n'est pas remplie, ou si les conditions se dégradent trop alors qu'il est en route, le vol est reporté.

-"Un type qui se trouve pile sur le pôle nord, dans n'importe quelle direction qu'il reparte, il ira forcément vers le sud."
-"Le nord du sud est plus au sud que le sud du nord."
Le Chat, Philippe Geluck

Base antarctique Dumont d'Urvillle - 22 octobre 2013, 8h30

Pression atmosphérique 974.5 hPa
Température -14.2 °C
Température du point de rosée -24.9 °C
Humidité relative 40 %
Windchill (température ressentie) -24.1

Vent
-Direction 110° (E)
-Vitesse moyenne 6.8 m/s (24.5 km/h)
-Vitesse max 9.7 m/s (34.9 km/h)

Observation à 22h TU
-Visibilité 80 000 m
-Nébulosité totale 1/8
-1/8 de stratocumulus à 1500 m
-1/8 de cirrus à 7000 m

Sondage banquise

Le 12 octobre 2013, j'ai participé à une sortie sur la banquise afin de mesurer son épaisseur en différents points. Nous avons pris pour cela un véhicule à chenilles, guère confortable, afin d'aller au nord de l'île des Pétrels et emporté une perceuse et un groupe électrogène pour l'alimenter. A noter que le bruit du moteur n'a aucunement empêché un manchot Empereur de nous approcher.

Puis nous avons commencé à percer la banquise.

Au bout d'1m de profondeur, il a fallu prolonger la mèche...

...continuer à percer jusqu'à atteindre l'eau...

...et retirer de nouveau la mèche pour dégager le trou.

Une fois le trou percé, la mesure de l'épaisseur de la banquise se fait avec une règle de 2m au bout de laquelle a été mise une vis à 90°, permettant de repérer le début de la glace.

Les différentes mesures montrent une banquise bien épaisse, de 1m50 en général, voire 1m60 près de la Piste du Lion.

Sur un plan plus global, la banquise Antarctique se porte très bien.

Les mesures satellites ont en effet indiqué que le 1er octobre, le cap des 16 000 000 km² avait été passé, soit plus de 29 fois la superficie de la France métropolitaine, ou 1.54 fois celle de l'Europe (jusqu'à l'Oural).

Les 16 007 000 km² mesurés représentent presque 1 000 000 km² de plus que la moyenne sur 30 ans (1979-2008), qui est de 15 011 000 km² a la même date.

A noter que depuis le début de la mission, l'anomalie de surface de la banquise a toujours été positive. Espérons que cela ne bloquera pas trop l'Astrolabe lors de la rotation R1, dans 2 mois... Plus de données sont disponibles ici .









Base antarctique Dumont d'Urvillle - 13 octobre 2013, 22h54

Pression atmosphérique 986.3 hPa
Température -11.5 °C
Température du point de rosée -23.6 °C
Humidité relative 36 %
Windchill (température ressentie) -17.9

Vent
-Direction 20° (N)
-Vitesse moyenne 3.5 m/s (12.6 km/h)
-Vitesse max 6.8 m/s (24.5 km/h)

Observation à 12h TU
-Visibilité 80 000 m
-Nébulosité totale 0/8

Exercice photo: panorama galactique

Le 22 septembre 2013, le ciel étant dégagé, j'ai réalisé un panorama du ciel nocturne.Comme pour le panorama du bureau exploitation de la météo (voir le post du 18 mars 2013), la difficulté est de n'oublier aucun morceau.

Mais faire un panorama du ciel nocturne nécessite de faire face à deux autres difficultés:
-les images brutes sont très parasitées, à cause du long temps de pose et de la forte sensibilité (15 secondes à 6400 ISO!), ce qui demande un traitement soigné,
-la terre tourne, donc entre le début et la fin de la prise de vue, certaines étoiles auront disparu sous l'horizon, tandis que d'autres se seront levées. Au niveau de l'horizon, les différentes images ne peuvent donc pas être projetées correctement.

On peut ici voir bien sûr la Voie Lactée, notamment le Bulbe Galactique, qui en indique le centre.
Deux autres galaxies sont visibles: les deux Nuages de Magellan (le Grand en bas, le Petit en haut).
La troisième étoile la plus brillante du ciel (après le Soleil et Sirius, alias alpha du Grand Chien), visible sous le Grand Nuage de Magellan, légèrement à gauche, est Canopus, alias alpha de la Carène.
Une aurore est également visible vers le nord. Elle est devenue plus spectaculaire 30 minutes après la prise de vue, mais la Lune était sur le point de se lever.

A l’œil nu le ciel est bien entendu beaucoup moins spectaculaire. Les couleurs de la Voie Lactée et de l'aurore étaient totalement invisibles et les étoiles beaucoup moins nombreuses.
Il reste cependant bien plus beau que celui que l'on peut voir en métropole, où règne la pollution lumineuse des villes due à l'éclairage nocturne.

Voici une autre version du panorama, après un traitement "SBLUR" sous le logiciel IRIS, qui permet de mieux mettre en évidence les différences de luminosité et de teinte.

Une autre version, en projection polaire.

La version "SBLUR" de cette même projection.

















Base antarctique Dumont d'Urvillle - 26 septembre 2013, 21h26

Pression atmosphérique 996.6 hPa
Température -9.7 °C
Température du point de rosée -11.6 °C
Humidité relative 86 %
Windchill (température ressentie) -23.5

Vent
-Direction 120° (SE)
-Vitesse moyenne 21.9 m/s (78.4 km/h)
-Vitesse max 32.2 m/s (115.9 km/h)

Observation à 11h TU
-Visibilité 15 m
-Nébulosité totale 8/8
-8/8 de stratocumulus à 800 m

Congères

Avec les dernières chutes de neige, les congères ont pris du volume. Tout d'abord, celle à la sortie du bâtiment 42 (le dortoir), où  un escalier en neige est régulièrement retaillé

En direction du bâtiment 26 (laboratoire n°1)...

De l'autre côté du dortoir...

Pour la vue, mieux vaut être logé à l'étage...

La congère du bâtiment 25 ou se situent les bureaux de la météo, côté sud...

Et côté nord.

Derrière le bâtiment 26...

La congère du bâtiment 31 (le séjour)...

En tentant de sortir du séjour, pendant une tempête de neige...

Une fois le passage dégagé...

Les différents magasins...

Le bâtiment le plus enterré: la radio et la poste...

La Centrale...

Un des véhicules de la base.












Base antarctique Dumont d'Urvillle - 31 août 2013, 12h52

Pression atmosphérique 1001.6 hPa
Température -18.4 °C
Température du point de rosée -22.9 °C
Humidité relative 68 %
Windchill (température ressentie) -24.3

Vent
-Direction 280° (O)
-Vitesse moyenne 2.2 m/s (7.9 km/h)
-Vitesse max 4.3 m/s (15.5 km/h)

Observation à 11h TU
-Visibilité 80 000 m
-Nébulosité totale 1/8
-1/8 de cirrus à 6500 m