samedi 30 mars 2013

Le calme avant la tempête

Voici une série de photos prises le 25 mars 2013, avant la tempête que nous subissons depuis plusieurs jours. Tout d'abord, un banc de stratocumulus.
La version HDR.
Une vue de la banquise, recouverte de neige.

Le coucher de Soleil.
Sa version HDR.
Quelques vues de la banquise, au clair de Lune.














 Base antarctique Dumont d'Urvillle - 30 mars 2013, 16h42

Pression atmosphérique 961.1 hPa
Température -12.0 °C
Température du point de rosée -13.6 °C
Humidité relative 88 %
Windchill (température ressentie) -28.0

Vent
-Direction 130 ° (E)
-Vitesse moyenne 27.7 m/s (99.7 km/h)
-Vitesse max 34.7 m/s (124.9 km/h)

Rayonnement global 79.5 W/m²

Observation à 6h TU:
-Visibilité 600 m
-Nébulosité totale 8/8
-6/8 de stratocumulus à 1300 m
-6/8 d'altostratus à 2800 m

mercredi 27 mars 2013

Le radiosondage

Tous les matins nous effectuons un radiosondage. Il a pour but de caractériser l'atmosphère sur la plus grande hauteur possible (typiquement de 20 à 25 km). Pour cela nous envoyons une radiosonde qui va réaliser des mesures in situ en altitude à l'aide d'un ballon gonflé à l'hélium.

Le radiosondage doit être terminé et reçu à Toulouse avant 00h50 TU, qui est l’heure de démarrage du 1er modèle de prévision numérique météorologique du jour. La durée du radiosondage étant de presque 1h30, nous lançons le ballon à 23h15 TU, soit 9h15 heure locale. Le radiosondage de Dumont d'Urville est particulièrement important d'une part parce qu'il y a très peu de points de mesure en Antarctique, d'autre part parce qu'il est très intéressant pour les prévisions à court terme australiennes.

La radiosonde embarque 3 capteurs, alimentés par piles : un capteur de température, un capteur d'humidité et un récepteur GPS.

La radiosonde est accrochée au ballon avec un dérouleur de 30 m de ficelle, nécessaire pour que le ballon ne masque pas les satellites GPS au récepteur GPS de la radiosonde.

Le ballon est gonflé à l'hélium à l'aide d'une tare qui tient compte du poids de l'ensemble (ballon, dérouleur et radiosonde) et de la vitesse ascensionnelle voulue, 5 m/s (soit 18 km/h). Au fur et à mesure que le ballon va monter, la pression de l'air (dirigée vers l'intérieur du ballon) va diminuer. La pression de l'hélium (dirigée vers l'extérieur) va donc le faire gonfler de plus en plus, jusqu'à éclatement.

Les mesures sont effectuées toutes les 10s, ce qui correspond à un point tous les 50m. Les données sont transmises au sol par radio, à la fréquence de 403 MHz. La fréquence d'émission de la radiosonde peut être cependant reprogrammée dans la gamme de 400 à 406 MHz, qui nous est réservée.

Au sol une station d'acquisition récupère les données, à l'aide de 2 antennes, une pour les fortes hauteurs au-dessus de l'horizon (au décollage, et quand le vent est faible), une autre  pour les faibles hauteurs.

Un logiciel va ensuite effectuer différents calculs pour chaque point de mesure.

L'altitude de la radiosonde peut être calculée à partir de la position GPS de la radiosonde et de la position GPS du site de lancement. Ces deux positions permettent également de calculer le vent, responsable du déplacement horizontal du ballon.

La pression atmosphérique peut être calculée à partir de l'altitude et de la pression atmosphérique au niveau du sol, par les lois de l'hydrostatique. Du sol jusqu'à 2500 m d'altitude environ, on peut considérer que la pression décroit linéairement de 1 hPa tous les 8.3 m. Ensuite la décroissance est logarithmique.

La température du point de rosée peut être calculée à partir de la température de l'air et de l'humidité. La température du point de rosée est la température à laquelle il faudrait refroidir une particule d'air pour que la vapeur d'eau qu'elle contient se condense. Un air humide correspond donc à une température du point de rosée peu différente de la température de l'air, et un air sec à une différence plus grande.

Une fois le radiosondage terminé, les points les plus significatifs du profil vertical sont ensuite codés dans un message TEMP et envoyées à Toulouse, qui le rediffuse sur le réseau météorologique mondial.

Voici par exemple les données du radiosondage du 25 mars 2013:

 On constate que la température (représentée par la courbe verte) diminue avec la pression (et donc avec l'altitude, à raison en moyenne de 0.65 °C tous les 100 m dans l’atmosphère standard), pour arriver à un minimum au niveau de la tropopause (limite entre la troposphère, couche la plus basse de l'atmosphère, et la stratosphère, située au-dessus) aux environ de -55 °C.

On peut également voir la présence des différentes couches nuageuses (là où l'humidité, représentée par la courbe rouge, est la plus forte) et la correspondance avec un faible écart entre température de l'air et température du point de rosée (la courbe bleue).

 Sur la courbe de vent on peut voir la présence d'un vent assez fort en altitude, de 44 nœuds (81 km/h) à 14 411.5 m.

Enfin sur la courbe de trajectoire, on constate que la sonde s'est globalement déplacée vers le sud-est (sous l'effet du vent de nord-ouest), jusqu'à 71 km (57 km au sud, 34 km à l'est). C'est là que le ballon a éclaté, à 24 475 m d'altitude.








 Base antarctique Dumont d'Urvillle - 27 mars 2013, 18h51

Pression atmosphérique 981.4 hPa
Température -16.4 °C
Température du point de rosée -23.4 °C
Humidité relative 55 %
Windchill (température ressentie) -22.8

Vent
-Direction 150 ° (SE)
-Vitesse moyenne 2.7 m/s (9.7 km/h)
-Vitesse max 4.1 m/s (14.8 km/h)

Observation à 6h TU
-Visibilité 50 000 m
-Nébulosité totale 7/8
-3/8 de stratocumulus à 1200 m
-7/8 de cirrus à 7000 m

lundi 18 mars 2013

Exercice photo: panorama du bureau météo

 Voici un panorama du bureau exploitation de la météo, où j'effectue régulièrement (comme aujourd'hui par exemple) les journées prévisions-observations.

Sur la gauche on a l'ordinateur pour se connecter à l'intranet de la météo.

Au centre, 3 ordinateurs (sur 2 écrans) pour les transmissions (principalement le mail), l'exploitation (prévision, climatologie...) et la récupération des données météorologiques de la base (via le logiciel COBALT).

Sur la droite enfin 2 systèmes de radiosondage (bancs de calage, stations d'acquisition et ordinateurs), l'un ayant déjà été changé pour les nouveau modèles de radiosondes et la tranmission des messages par une liaison satellite IRIDIUM.

La difficulté pour réaliser un tel panorama (sur 360° et du zénith au nadir), c'est de n'oublier aucun morceau! Pour cela, un trépied gradué aide bien. De plus il faudrait idéalement que le foyer de l'appareil ne se déplace pas, à cause du problème de parallaxe.

C'est ensuite le logiciel Microsoft ICE (gratuit) qui se charge de l'assemblage des images selon la projection voulue).
 Ensuite Photoshop permet de passer en vue du zénith...
 ...ou en vue du nadir.



















Base antarctique Dumont d'Urvillle - 18 mars 2013, 18h00

Pression atmosphérique 963.5 hPa
Température -13.5 °C
Température du point de rosée -22.2 °C
Humidité relative 48 %
Windchill (température ressentie) -16.9

Vent
-Direction 220 ° (E)
-Vitesse moyenne 1.4 m/s (5.0 km/h)
-Vitesse max 2.1 m/s (7.6 km/h)

Rayonnement global 85.6 W/m²

Observation à 6h TU
-Visibilité 80 000 m
-Nébulosité totale 0/8

samedi 16 mars 2013

Premières aurores

 Maintenant que les nuits sont bien noires, il est possible d'observer les aurores australes. Un numéro téléphonique sert d'alerte pour ceux qui veulent être réveillés en pleine nuit pour les observer. La photo de droite montre le début, lors d'une pose de 8 minutes (l'étirement des étoiles est dû à la rotation de la Terre).
 En voici la version légendée.
 Une dizaine de minutes plus tard, l'aurore s'est bien étendue. Il faut cependant bien comprendre qu'à l’œil nu, elle est beaucoup moins spectaculaire. Seules les parties les plus brillantes sont visibles. De plus la nuit l’œil ne voit pas les couleurs. Au mieux lors d'une aurore intense pourra-t-on voir une légère couleur verte, dans les tons pastels.
Une autre vue, avec la piste du Lion à droite. La photo est prise avec une ouverture maximale (f/3.5), une sensibilité maximale (6400 ISO!) et un temps de pose de 15s pour figer la rotation de la Terre.
 Hier j'étais de service base. Je me suis donc proposé pour faire le repas du soir. Au menu: salade crétoise...
 ...et kalitsounias. Il s'agit d'une pâte à tarte fourrée aux épinard et oignons, puis dorée à l'huile.
 Pour ce qui est de la météo, les températures sont bien descendues, avec le passage du cap des -15°C. Ce qui a permis la formation de la banquise. Pas question cependant de nous y aventurer, elle est assez épaisse pour les manchots Adélie, mais pas pour nous. Manchots Adélie qui par ailleurs ne sont quasiment plus présents sur l'île. Désormais ce sont les manchots Empereurs que nous attendons.
Avec la formation de la banquise, il y a également des icebergs qui se sont immobilisés et qui resteront probablement le reste de l'année, sauf en cas de débâcle hivernale (qui se produisent parfois, à la suite de fortes tempêtes).






Base antarctique Dumont d'Urvillle - 16 mars 2013, 18h25

Pression atmosphérique 985.2 hPa
Température -9.9 °C
Température du point de rosée -21.0 °C
Humidité relative 40 %
Windchill (température ressentie) -19.6

Vent
-Direction 110 ° (E)
-Vitesse moyenne 8.8 m/s (31.7 km/h)
-Vitesse max 13.2 m/s (47.5 km/h)

Rayonnement global 24.8 W/m²

Observation à 6h TU:
-Visibilité 40000 m
-Nébulosité totale 7/8
-6/8 d'altostratus à 3000 m
-1/8 de cirrus à 7500 m