mercredi 29 mai 2013

Mai 2013: nouveau record de froid

Le 26 mai 2013, suite à une période de ciel clair associé à un vent orienté au sud, la base antarctique Dumont d'Urville a mesuré un nouveau record de température minimale pour un mois de mai. La température atteinte à 22h46 a été de -32.5 °C. Le précédent record était de -32.3 °C, enregistré le 31 mai 1964.








Base antarctique Dumont d'Urvillle - 29 mai 2013, 19h04

Pression atmosphérique 987.5 hPa
Température -19.5 °C
Température du point de rosée -27.3 °C
Humidité relative 50 %
Windchill (température ressentie) -25.2

Vent
-Direction 60 ° (NE)
-Vitesse moyenne 2.0 m/s (7.2 km/h)
-Vitesse max 3.0 m/s (10.8 km/h)

Observation à 9h TU
-Visibilité 25 000 m
-Nébulosité totale 7/8
-3/8 d'altocumulus à 2500 m
-7/8 de cirrus à 6000 m

lundi 27 mai 2013

Ciel austral: les régions circumpolaires

Comme partout ailleurs sur Terre, une partie du ciel de la base antarctique Dumont d'Urville est circumpolaire (littéralement: "autour du pôle"). C'est à dire que les objets du ciel situés dans cette région ne disparaissent jamais sous l'horizon.

Pour savoir si un objet est circumpolaire, il suffit de connaître sa déclinaison, qui est sa latitude céleste. Celle-ci doit être comparée à un angle limite. Pour un lieu de latitude géographique phi (négative dans l'hémisphère sud, positive dans l'hémisphère nord), cet angle limite est de :
  • 90-phi dans l'hémisphère nord
  • -90-phi dans l'hémisphère sud.
Au niveau des pôles c'est donc le ciel entier qui est circumpolaire, tandis qu'à l'équateur seuls les 2 pôles le sont, au ras de l'horizon.

Pour la base antarctique Dumont d'Urville, située à la latitude géographique phi=-66°40', la déclinaison maximale que doit avoir un objet céleste pour pouvoir être circumpolaire est donc de -90°-(-66°40')= -23°20' (toutes les régions situées dans la région en vert). Cela regroupe donc par exemple les constellations du Centaure, du Loup, la majeure partie du Scorpion et du Sagittaire, toutes les constellations liées au bateau Argos (les Voiles, la Carène, la Poupe)...qui étaient déjà connues dans l'antiquité, car déjà observable depuis les latitudes européennes. Mais les régions situées près du pôle céleste sud n'ont été connues que tardivement, suites aux expéditions maritimes vers l'hémisphère sud. Elles ont donc des noms qui n'ont rien de mythologiques : ce sont l'Octant, la Table, le Réticule, le Triangle Austral, le Microscope, le Télescope, la Machine Pneumatique... Des constellations australes qui pour beaucoup ont été inventées par l'astronome français Nicolas Louis de Lacaille (1713-1762), lors de son séjour au Cap.

Aux alentours du solstice d'été (21 décembre dans l'hémisphère sud), la déclinaison du Soleil passe cet angle limite (elle atteint -23°27'  au maximum, 23°27' étant également l'inclinaison de la Terre) et devient par conséquent circumpolaire. C'est alors le fameux "Soleil de minuit". Plus l'on se rapproche des pôles, plus la période où le Soleil est circumpolaire est longue: de quelques jours au niveau du cercle polaire (à 66°33', donc très près d'ici) à 6 mois au pôle même.
Le timelapse suivant a été réalisé sur 3h, durée maximale de la batterie de l'appareil photo. Il s'agit d'une série d'images prises avec un objectif 18 mm ouvert à 3.5, un temps de pose de 25s et une sensibilité de 6400 ISO . Un temps d'attente de 2s a été laissé entre chaque photo pour l'enregistrement des fichiers. Le logiciel StarMax permet ensuite la superposition des photos pour laisser apparaître les trainées.
Grâce à cela, on peut mettre en évidence la rotation terrestre et la position du pôle céleste sud. On constate ainsi que dans l'hémisphère sud, il n'y a pas d'équivalent de l'étoile Polaire. La plus proche étoile, Sigma de l'Octant, se situe certes à moins d'un degré du pôle céleste sud, mais avec sa magnitude de 5.45, elle est aux limites des capacités de l’œil humain (en moyenne capable de voir jusqu'à la magnitude 6).

Cependant cette situation n'est que temporaire au fur et à mesure que l'axe de la Terre effectue sa rotation de précession (un mouvement de rotation comparable à celui de l'axe d'une toupie, d'une durée de 24 800 ans).

Vers l'an 8060 il passera à 36' de la brillante Aspidiske (Iota de la Carène, de magnitude 2.2), soit à peine plus que le diamètre apparent de la Lune.
Et vers l'an 9200 ce sera le tour de delta des Voiles, encore plus brillante, de magnitude 1.95. Dans le même temps, dans l'hémisphère nord, alpha de la Petite Ourse finira par ne plus mériter son nom de Polaris.
Voici l'image prise au début du timelapse. On y voit parfaitement les Nuages de Magellan, deux petites galaxies irrégulières situées en orbite autour de la Voie Lactée. Ceux-ci sont visibles à l’œil nu.
La version légendée.
La dernière image, 3h plus tard.
La version légendée.
L'addition de toutes les images.On remarque la présence de la trace d'une étoile filante  (en bas, légèrement à droite du centre) et d'un satellite en orbite quasi polaire (en haut).








Base antarctique Dumont d'Urvillle - 13 mai 2013, 16h47

Pression atmosphérique 990.3 hPa
Température -24.8 °C
Température du point de rosée -20.8 °C
Humidité relative 49 %
Windchill (température ressentie) -36.2

Vent
-Direction 080 ° (E)
-Vitesse moyenne 5.2 m/s (18.7 km/h)
-Vitesse max 7.5 m/s (27.0 km/h)

Observation à 12h TU
-Visibilité 15 000 m
-Nébulosité totale 1/8
-1/8 de cirrus à 6000 m

mardi 21 mai 2013

Timelapse d'aurore australe

En cette année de maximum d'activité solaire, les aurores se produisent régulièrement. Voici donc un timelapse réalisé dans la nuit du 17 au 18 mai 2013, à partir de photographies prises toutes les 12 secondes.

Chaque photographie a été prise avec un objectif 18mm ouvert à 3.5, un temps de pose de 10 secondes et une sensibilité de 6400 ISO.

Le fichier vidéo ayant été rendu en 30 images par seconde, une seconde de vidéo correspond à 6 minutes dans la réalité. La durée totale est de 3h04.

Malgré le froid qu'il a subi pendant tout ce temps, le matériel (appareil, batterie, télécommande et piles) supporte donc les conditions antarctiques de manière remarquable.

Base antarctique Dumont d'Urvillle - 21 mai 2013, 16h51

Pression atmosphérique 991.3 hPa
Température -12.6 °C
Température du point de rosée -22.6 °C
Humidité relative 43 %
Windchill (température ressentie) -23.4

Vent
-Direction 90 ° (E)
-Vitesse moyenne 9.2 m/s (33.1 km/h)
-Vitesse max 15.6 m/s (56.2 km/h)

Observation à 6h TU
-Visibilité 60 000 m
-Nébulosité totale 1/8
-1/8 de cirrus à 7000 m

lundi 13 mai 2013

Coucher de Soleil et rayon vert

Le 8 mai 2013 au soir, j'ai pris une série de photos lors du coucher du Soleil:

Sur cette photo et la suivante, il s'avère que le rayon vert est visible. Il s'agit d'un phénomène optique relativement rare, pouvant être observé au coucher ou au lever du Soleil.

Lorsque les rayons du soleil passent du vide interplanétaire à l'atmosphère terrestre, ils subissent une déviation qui les courbe vers le sol: c'est la réfraction. L'importance de cette déviation est fonction de l'angle d'incidence (plus importante pour les rayons rasants) et de l'indice optique des différentes couches d'air traversées, lui-même fonction (entre autres) de la longueur d'onde. Les rayons rouges sont donc plus déviés vers le sol que le rayons verts ou bleus. Le dernier rayon nous parvenant lors du coucher du Soleil serait donc un rayon bleu.

L’œil humain étant beaucoup plus sensible au vert qu'au bleu, il ne perçoit donc en général que le rayon vert. De plus la lumière bleue est fortement diffusée par les molécules composant l'atmosphère (c'est pour cela que le ciel est bleu en journée). La lumière bleue provenant de la direction du Soleil est donc affaiblie.

Le rayon vert nécessite plusieurs conditions pour être visible: un horizon bas et net, ainsi qu'une atmosphère calme, tant au sol qu'en altitude. Exceptionnellement, lorsque l’absorption est suffisamment faible (en altitude par exemple), le rayon bleu pourra être visible.

Il est à noter que les régions polaire sont favorisées par un autre facteur: la latitude étant importante, le Soleil ne disparaît que lentement sous l'horizon. La durée de visibilité du rayon vert y est donc plus longue.














Base antarctique Dumont d'Urvillle - 13 mai 2013, 16h47

Pression atmosphérique 981.1 hPa
Température -17.3 °C
Température du point de rosée -20.8 °C
Humidité relative 74 %
Windchill (température ressentie) -30.8

Vent
-Direction 140 ° (SE)
-Vitesse moyenne 11.6 m/s (41.8 km/h)
-Vitesse max 15.7 m/s (56.5 km/h)

Observation à 6h TU
-Visibilité 1500 m
-Nébulosité totale 4/8
-4/8 de stratocumulus à 2000 m