mercredi 16 janvier 2013

Première tempête antarctique et débâcle

Depuis lundi, nous subissons la première forte tempête depuis l'arrivée de la rotation R1.

Le vent a ainsi atteint une vitesse maximale en rafale de 39.0 m/s (140.4 km/h) hier à 3h42 TU (13h42 heure locale), pour une vitesse moyenne de 23,5 m/s (84.6 km/h) et une direction de 110° (E).

Cette tempête a permis à la banquise qui entoure l'ile des Pétrels (où est située la base) de débâcler. Si la marche sur la banquise était déjà devenue interdite à cause de sa fragilité, l'accès aux îles voisines est maintenant tout simplement impossible (j'avais notamment été sur l'île du Taureau et l'île du Sagittaire à pied, à 1 km).

Mais le malheur des uns fera peut-être le bonheur des autres. Après être parti de Hobart le 10 janvier 2013 au soir, l'Astrolabe est en effet en ce moment devant le pack, à la recherche d'une ouverture afin d'effectuer la rotation R2. Si dans 4 jours il n'a pas trouvé de passage, il fera demi-tour et retournera à Hobart.

Lors du retour de la rotation R1, l'Astrolabe avait déjà rencontré de grosses difficultés à progresser dans le pack. Parti de Dumont d'Urville le samedi 15 novembre 2012 au matin, il n'est arrivé à Hobart que le lundi 7 janvier 2013, soit 24 jours plus tard. Les anciens hivernants de la TA62 qui repartaient par cette rotation ont donc dû passer les fêtes de fin d'année sur le bateau. De plus certains s'étaient réservé des vacances pour le retour, ou encore avaient leur conjoint(e) ou ami(e) qui les attendaient à Hobart. Conclusion pour ma part: je ne prévois rien pour le retour. Et je ne vous informerais de la date de mon retour en France que lorsqu'on sera sorti du pack!

C'est donc une très mauvaise année pour l'IPEV, entre ces difficultés d'accès à Dumont d'Urville pour l'Astrolabe et la voie d'eau pour le Marion-Dufresne.

Côté boulot, pas de problème particulier. Les ordinateurs nécessitent juste un redémarrage de temps en temps, ce qui est normal vu leur âge (certains ont des lecteurs de disquettes 3"1/2!).

Il y a quelques jours un mail nous est arrivé de la part de la DSO (Direction des Systèmes d'Observation)  nous informant que la station météorologique de Dumont d'Urville a été retenue comme site pilote pour tester un patch du logiciel Cobalt. C'est ce logiciel qui récupère les données de la station automatique pour effectuer l'envoi par mail des différents messages météorologiques: SYNOP toutes les 3h (pour les données temps réel, qui servent à l'alimentation du supercalculateur pour la prévision), CLIM une fois par jour (pour les données climatologiques, telles la température minimale et maximale). Les messages météorologiques pour l'aéronautique pseudo-METAR sont quant à eux envoyés à la demande des clients (base de départ de l'avion, base d'arrivée et base(s) de secours) manuellement par Thunderbird. Ce ne sont pas de vrais messages METAR comme en métropole, la station météorologique de Dumont d'Urville étant située à 10 km de la piste.

J'ai fait quelques journées prévision-observation, dont les 2 premières avec Jean-Marie pour la formation. Ces journées commencent à 7h du matin avec l'observation des nuages (type, nébulosité et altitude), de la visibilité et du temps présent. Ces observations sont répétées à 8h, 9h, 10h, 13h, 16h, 19h et 22h. De plus il faut noter tout au long de la journée le début et la fin des différents phénomènes comme la baisse subite de visibilité, les chutes de neige et les épisodes de vent catabatique.

Le matin il faut également rédiger le bulletin de prévision pour la journée et les 2 à 3 jours qui suivent et les tendances futures (jusqu'à 7 jours). Ces prévisions sont réalisées en analysant les données de sorties de 2 modèles (ce qui est insuffisant pour les départager lorsqu'ils ne sont pas d'accord…3 serait un minimum): le CEP (européen) et GFS (américain). Il est important que ce bulletin soit compréhensible par tous, aussi le choix du vocabulaire est-il important. Par exemple pour un vent prévu entre 4 et 8 m/s on parlera de vent modéré, alors qu'entre 8 et 12 m/s on parlera de vent assez fort. Si l'on veut donner une vitesse, la plupart préféreront des km/h, mais les pilotes et marins préféreront les nœuds.

Il faut de plus chaque jour effectuer un radiosondage, opération qui consiste à relever température, humidité, température du point de rosée, pression, vitesse et direction du vent tout au long de la montée d'un ballon sonde. Si l'on n'a pas pu atteindre la pression de 100 hPa (le ballon ayant éclaté avant), un nouveau radiosondage doit être effectué. Les données sous forme de message TEMP doivent ensuite partir avant 0h30 TU vers le supercalculateur de Toulouse (aucun modèle de prévision météorologique ne peut même simplement se lancer s'il n'a pas de données de radiosondages: les données au sol ne suffisent pas, et les satellites ne permettent pas de tout avoir).

Pour ce qui est de la vie sur la base, j'ai du remplacer Émile au service base qui a eu des soucis dentaires. Ce sera de nouveau mon tour dans 3 jours. J'ai également effectué ma visite médicale, qui m'a appris que j'ai perdu 6 kg (probablement à cause du Gastrolabe…).


Base antarctique Dumont d'Urvillle - 16 janvier 2013, 20h39

Pression atmosphérique 984.2 hPa
Température 1.5 °C
Température du point de rosée -5.0 °C
Humidité relative 62 %
Windchill (température ressentie) -6.5

Vent
-Direction 90 ° (E)
-Vitesse moyenne 15.6 m/s (56.2 km/h)
-Vitesse max 20.8 m/s (74.9 km/h)

Rayonnement global 29.9 W/m²

Observation à 9h TU:
-Visibilité 9000 m
-Nébulosité totale 8/8
-6/8 de stratocumulus à 1200 m
-5/8 d'altostratus à 3000 m

samedi 5 janvier 2013

Le petit halo (photos du 29/12/2012)

Définition OMM (Organisation Météorologique Mondiale):

Phénomène de halo:
Groupe de phénomènes optiques ayant la forme d'anneaux, d'arcs, de colonnes ou de foyers lumineux, engendrés par la réfraction ou la réflexion de la lumière par des cristaux de glace en suspension dans l'atmosphère (nuages cirriformes, brouillard glacé, etc.).
Les phénomènes de halo dus à la réfraction de la lumière solaire peuvent présenter certaines colorations, alors que les phénomènes de halo engendrés par la Lune sont toujours blancs.

a) Le phénomène de halo le plus fréquent, appelé petit halo, apparaît comme un anneau lumineux, blanc ou en majeure partie blanc, de 22 degrés de rayon et centré sur l'astre éclairant. Le petit halo présente sur son bord intérieur une frange rouge peu visible et, dans quelques rares cas, une frange violette sur son bord extérieur. La partie du ciel située à l'intérieur de l'anneau est nettement plus sombre que le reste du ciel.


Rappel: la réfraction est la déviation subie par un rayon lumineux lorsqu'il change de milieu de propagation. Elle dépend du rapport de l'indice (rapport entre la vitesse de la lumière dans le vide et celle de la lumière dans le milieu considéré), qui dépend de leur nature et de la longueur d'onde. C'est ce phénomène qui provoque l'image brisée d'une paille dans un verre.

Note technique: la deuxième photo est un assemblage HDR (High Dynamic Range) réalisé avec une série de photos prises avec des temps d'exposition différents). Les cercles bleus près du Soleil ne font pas partie du halo, ce sont des réflexions sur les lentilles de l'objectif.


Base antarctique Dumont d'Urvillle - 5 janvier 2013, 14h43

Pression atmosphérique 989.8 hPa
Température -3.6 °C
Température du point de rosée -5.6 °C
Humidité relative 51 %
Windchill (température ressentie) -4.3

Vent
-Direction 120 ° (ESE)
-Vitesse moyenne 0.8 m/s (2.9 km/h)
-Vitesse max 1.6 m/s (5.8 km/h)

Rayonnement global 555.2 W/m²

Observation à 3h TU:
-Visibilité 35 000 m
-Nébulosité totale 7/8
-7/8 de stratocumulus à 1200 m